Arrêter de fumer
C’est l’histoire d’une ENFANT qui fume sa première clope à 12 ans et demi. Peut-être une envie d’appartenir trop rapidement au monde des adultes. Le monde des adultes ne s’apparente pas au tabac me direz-vous ? Mais nous sommes en 2004 ou 2005 peut-être et absolument tout mon entourage proche fume quotidiennement. Toute la famille, parents, frère, sœur, oncles, tantes… Tous sont grands, branchés, responsables – en apparence – et fumeurs !
Cette enfant grandira avec la nicotine, elle se construira à ses côtés au gré de ses émotions (si tourmentées durant cette sensible période), de ses changements hormonaux, de son évolution à travers l’adolescence, puis l’âge adulte. Tant de changements soutenus par cette amie nicotine, toujours là, tel un soulagement qui nous soutient, qui semble nous délivrer alors qu’elle nous aliène, nous dépouille et nous tue. Le tableau est bien obscur n’est-ce pas ? C’est l’implacable vérité. Seulement la vie n’est pas si mal faite, on peut toujours arrêter.
Si j’ai réussi, pourquoi pas vous?
Je vais tenter de détailler ici comment j’ai arrêté de fumer sans quasiment aucun désagrément.
Avoir un objectif psychologique comme deadline
Ayant commencé à fumer à 12 ans et demi, ma deadline psychologique était 25 ans car je ne pouvais pas accepter de passer plus de temps fumeuse que non fumeuse. Ainsi je me suis toujours dit » A 25 ans j’arrête de fumer ». Je ne me mettais pas la pression mais c’est une phrase que j’ai répétée tel un mantra qui se gravait dans mon cerveau.
Ainsi choisir un moment de votre vie et s’y préparer à l’avance vous rendra le sevrage plus supportable émotionnellement. Cette deadline peut être le 1er janvier, quand je deviendrai parent, grand parent, dès que j’ai un CDI… Qu’importe. Ce que j’ai remarqué c’est que plus la deadline est lointaine: plus on a le temps de s’y préparer psychologiquement, plus c’est efficace. Notre cerveau est impressionnant, je n’aurais jamais pensé qu’inconsciemment il se préparait autant.
Avoir un objectif financier
L’objectif financier doit être la carotte qui vous permettra de jouir des bénéfices de votre arrêt du tabac. Une belle cagnotte qui peut vous permettre de vous offrir un voyage, une voiture, une épilation laser… ce qui vous fait plaisir !
Pour ma part j’avais toujours rêvé de faire une thérapie donc j’ai profité de ces économies mensuelles pour les réinvestir directement sur mon bien-être.
Se faire aider par un thérapeute
J’ai constaté que la thérapie était un très bon outil pour l’arrêt du tabac. Nous n’avons jamais abordé ce thème mais étant donné que nous travaillions sur la confiance en soi, le respect de soi, prendre soin de soi, la détermination… c’est totalement antinomique par rapport au fait de fumer. Ainsi plus je m’aimais, moins je pouvais me détruire avec des produits si nocifs pour ma santé.
Être entouré et soutenu par ses proches est très important mais malheureusement pas toujours suffisant. L’arrêt du tabac met notre persévérance à rude épreuve et le meilleur soutien reste celui d’un professionnel.
Lire le livre Allen Carr
J’ai acheté ce livre 2 mois avant la date butoir de mes 25 ans. J’ai commencé à le lire. J’avoue ne même pas l’avoir terminé, mais je suis sure que le contenu que j’ai lu était celui que mon cerveau avait besoin de recevoir.
Ce livre a réellement joué pour permettre mon arrêt du tabac si… brutal. Je n’ai pas du tout diminué ma consommation. D’ailleurs, si je me souviens bien, il préconisait de continuer la consommation habituelle jusqu’à l’arrêt.
Un fumeur est-il fumeur à vie ?
On dit que le cerveau d’un fumeur associera toujours la nicotine au plaisir car elle active la libération de dopamine, hormone du plaisir. Je suis persuadée que le livre d’Allen Carr déjoue cette association. C’est grâce à cette lecture que je ne replongerai pas. Il a su modifier quelque chose dans mon esprit qui fait que je ne pourrais pas fumer à nouveau. Même en cas de « coup dur de la vie », ce serait m’enterrer que de fumer car j’ai réussi à dissocier la nicotine de la dopamine. Désormais mon cerveau associe la cigarette à la destruction, la soumission, l’appauvrissement… Mon corps est mon véhicule terrestre. Je l’aime, je le chéris, et j’ai trop besoin de lui pour lui infliger volontairement des séquelles qui pourraient s’avérer irréversibles.
L’arrêt
Comme par enchantement, à la date prévue, à mes 25 ans, mon besoin de fumer avait disparu. C’était une période révolue de ma vie.
La décision initiale est un accord de soi à soi. On est tous passés par une grosse grippe qui nous a empêchés de fumer pendant 2 ou 3 jours, et la première clope est une décision personnelle. Cependant, cette fois-ci il y a une réelle motivation psychologique qui atténue le besoin physique et les souffrances du manque mais qui ne les annihilent pas pour autant. Ainsi ma première difficulté est lorsque les envies de fumer habituelles sont apparues (après le repas, dès que je montais en voiture, le soir avec mon conjoint qui fumait…). Ces moments provoquaient chez moi des crises de manque, je me retrouvais à demander à mon entourage de me souffler la fumée dessus pour en inhaler un soupçon… et cet entourage drôlement motivant me disait » Prends en une, pourquoi tu te fais tant de mal? ». Mais j’avais cette force en moi: je sais que c’est terminé et le sevrage physique est simplement une étape obligatoire.
Un substitut ?
Je ne suis pas forcément favorable aux substituts nicotiniques. Je ne les remets pas en question d’un point de vue efficacité mais je suis convaincue que le travail de tout sevrage d’addiction est un travail psychologique qui sera davantage efficace accompagné d’un thérapeute plutôt que de substituts nicotiniques qui ne feront que repousser ou rallonger le sevrage physique – faudrait-il que le sevrage se fasse… Cela reviendrait à remplacer un alcool par un autre pour un alcoolique qui tenterait de guérir.
A mon goût, le vapotage est tout aussi addictif que la cigarette et cela ne permet pas de réguler sa consommation.
Ainsi j’ai arrêté sans substitut mais je reconnais que mon corps avait besoin d’une « récompense ». Cette récompense était un carreau de chocolat noir durant mes pauses au bureau ou pour clôturer un repas… Je n’ai pas pris de poids et progressivement je n’en ai plus eu besoin. Cela a réellement été durant la période du sevrage physique.
Le plus difficile
Sans aucun doute je dirais que le plus difficile pour moi était le tabagisme social. Dans ma tête, être fumeur dégageait une image de confiance, une personne sûre d’elle. Nous savons tous que fumer tue. Ainsi en m’affichant en tant que fumeuse, j’envoyais le message « je n’ai pas peur de mourir, je suis plus forte que cela ». Alors que sans mon amie nicotine je me sentais vulnérable. Mais je n’ai rien lâché: la disparition de ma toux chronique, l’éclaircissement de mon teint, les bienfaits de la thérapie boostaient ma volonté.
A vous de déceler vos moments les plus difficiles afin de mettre en place les remédiations suivantes.
Cultiver le bonheur, amour
La solution pour que le sevrage soit pérenne est de créer des situations sécurisantes et positives. Facile à dire me direz-vous ?
- Coupez vos écrans, vos réseaux, et vivez des moments agréables avec les gens que vous aimez (des non-fumeurs si possible pour le début).
- Dorlotez-vous dans votre cocon.
- Pourquoi pas améliorer votre alimentation afin de détoxifier votre organisme à tous les niveaux.
- Prenez soin de votre cocon pour vous y sentir le mieux possible.
- Aérez-vous dans la nature, reconnectez-vous à vous-même.
- Il y a énormément de méditations, de séances d’hypnose et de sons binauraux sur Youtube pour favoriser l’arrêt du tabac.
- Pratiquez enfin les hobbies que vous n’avez jamais osé pratiquer ! (jardinage, danse, cuisine, couture, lecture…). Faites ce qui vous procure du plaisir.
A contrario, on évite toutes les situations anxiogènes : les informations, on abandonne quelques temps les personnes qui broient du noir constamment et on s’entoure de personnes positives.
LIBERTÉ
Un jour on se réveille et on SAIT qu’on est LIBRE. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, ni au bout de combien de temps. Mais ça y est. Notre sevrage physique est passé. Notre esprit n’assimile plus du tout la nicotine au plaisir mais bel et bien à l’anéantissement.
On se sent LIBRE, fort, capable de tout. Libéré de nos chaînes, on sait de quoi on est capable à présent. On est capable de se débarrasser de notre béquille, celle que l’on voyait comme un soutien, toujours là pour nous, mais qui nous torturait tant. On a déjoué le chant des sirènes tant de fois. On a résisté. Et aujourd’hui nous sommes fiers du chemin accompli.
Courage à ceux qui entament cette traversée du désert, vous en ressortirez plus forts que jamais.
Félicitations à ceux qui y sont parvenus.
Et toi, as-tu une expérience de fumeur/fumeuse ? Si tu as arrêté, peux-tu partager ta méthode ? 🙂