Épilepsie: Grossesse, accouchement et allaitement
J’ai toujours été assez inquiète quant à la compatibilité d’avoir un enfant et ma maladie non négligeable qu’est l’épilepsie. J’ai cherché des témoignages, mais je n’en ai pas ou peu trouvé. Alors j’ai décidé de raconter ici l’expérience de ma grossesse, mon accouchement et mon allaitement en tant que femme épileptique.
Rassurez-vous, nous en sommes capables.
Description de « mon » épilepsie
Il est important de mentionner qu’il existe des milliers d’épilepsies différentes. Ainsi il est indispensable de décrire la mienne afin de savoir si vous pouvez vous identifier à mon expérience.
Je suis épileptique depuis mes 14-15 ans. Les crises sont généralisées ( Grand Mal) et comportent donc une première phase tonico-clonique qui se décompose comme suit: perte de connaissance, le corps se raidit, chute, convulsions, morsures de langue dues au claquement des dents. Cette première phase ne dure pas plus de dix minutes et elle est suivie d’une phase de stupeur de plusieurs heures avec ralentissement intellectuel, léthargie, amnésie, douleurs musculaires.
Durant mon adolescence je prenais 2 Keppra 500 par jour sans ne jamais avoir eu de crises.
Tomber enceinte se prévoit
Ou du moins… C’est recommandé pour compenser les effets indésirables des antiépileptiques sur la formation du bébé.
Lorsque nous avons commencé à avoir le désir d’enfant je n’avais pas fait de crise depuis 6 ans. J’ai donc tenté un sevrage. D’août 2018 à janvier 2019 j’ai baissé les doses de Keppra. Jusqu’à ne plus rien prendre de janvier à novembre 2019. Je prenais encore la pilule. En novembre 2019 j’ai fait une crise. Et nous avons donc décidé avec le neurologue de rester sur 1 Keppra 500 par jour puisque la dose est suffisante selon les EEG.
Aux oubliettes mon rêve de mener une grossesse sans médicaments, mais tous les médecins me rassuraient et aujourd’hui je veux rassurer à mon tour toutes celles qui ont les inquiétudes que j’avais à cette époque.
Mon neurologue m’a prescrit de l’acide folique 5mg par jour à prendre 3 mois avant l’arrêt de la pilule et à poursuivre durant toute la grossesse. L’acide folique permet de contrebalancer les effets des anticonvulsifs sur le système nerveux du bébé.
J’ai commencé l’acide folique 5mg en janvier 2020, j’ai arrêté la pilule en mars 2020 et je suis tombée enceinte en mai 2020.
Excellente nouvelle! L’acide folique augmente la fertilité.
La grossesse
Lorsque j’ai appris ma grossesse, j’ai pris rendez-vous avec ma gynécologue et mon neurologue. La gynécologue m’a dit que la grossesse serait suivie comme une grossesse normale.
J’ai vu mon neurologue en août 2020, donc durant le 2ème trimestre. Il m’a fait un EEG qui était parfait avec 1 seul Keppra 500 et 1 acide folique 5mg par jour.
En suivant ses prescriptions, je devais augmenter la dose de Keppra en me rapprochant du terme afin d’accompagner la prise de poids et de prévoir l’accouchement. En janvier 2021 je prenais donc 1 cachet et demi par jour, puis 2 à partir de février 2021 pour un terme au 12 février 2021. A la fin de grossesse j’avais pris 15kilos. Moins on prend de poids et moins il est nécessaire d’augmenter les doses.
À partir de mon troisième trimestre de grossesse, j’ai décidé d’être suivie dans l’hôpital de niveau 3 le plus proche de chez moi. En effet, les maternités de niveau 3 ont les meilleurs dispositifs pour les bébés et les mamans en cas de complications lors de l’accouchement et cela me rassurait au cas où… Je suis très heureuse d’avoir accouché là-bas car le personnel est merveilleux, nous nous sentions vraiment comme dans un cocon.
Accouchement
Pour éviter toute raison de faire une crise le jour J, je me suis préparée du mieux que je pouvais à l’accouchement. Haptonomie, tisanes de feuilles de framboisiers, dattes… Pour en savoir plus c’est par ici.
Côté neuro, nous avions prévu d’être à 2 Keppra par jour au moment de l’accouchement. Cela-dit, j’ai eu un accouchement long et difficile. Je me suis permise de prendre un Keppra supplémentaire aux alentours de 3-4h du matin puisque j’ai été en travail toute la nuit pour accoucher à 8h du matin.
Le stress lié à la douleur aurait éventuellement pu provoquer une crise. Ainsi, j’ai décidé d’accoucher avec la péridurale. Elle a été posée à 18h, j’ai accouché le lendemain à 8h du matin. Autant dire qu’elle n’a pas du tout fonctionné, j’ai absolument tout senti et mon cerveau a tenu le coup. Alléluia !
Allaitement
Afin de voir si votre traitement est compatible avec l’allaitement il suffit d’aller sur www.lecrat.fr.
Certains médecins sont contre le fait d’allaiter avec des anticonvulsivants, j’ai eu la chance d’être soutenue dans ma démarche par mon neurologue et par le personnel de l’hôpital. Bien évidemment, cela va avec la typologie de l’épilepsie de chacune et le traitement qui en découle.
Les deux semaines qui ont suivi l’accouchement j’ai continué à prendre 2 Keppra par jour car j’étais épuisée et progressivement je suis revenue à la dose initiale d’un seul Keppra 500 par jour, toujours couplé à un cachet de 5mg d’acide folique.
NB: si vous ne souhaitez pas retomber enceinte de suite, pensez à prendre une contraception efficace car l’acide folique favorise la fertilité.
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